C'est une Christine Lagarde
"qui se réjouit et qui jubile" qui
a annoncé ce matin sur Europe 1 une révision conséquente à la hausse de
la croissance 2007. La ministre de l'Economie a fait état d'un PIB en
hausse de 2,2% en données brutes en 2007, au lieu de 1,9% annoncé
initialement. L'Insee, pour sa part, fait état d'une révision un peu
moindre, à 2,1%, en données corrigées du nombre de jours ouvrables. Le
gouvernement tablait pour 2007 sur une croissance comprise entre 2% et
2,5% et avait bâti son budget sur une hypothèse de 2,25%.
"On s'est beaucoup moqué de moi quand j'ai dit nous ferons au moins 2%", mais le dernier résultat est
"plus que la fourchette basse de nos prévisions", s'est félicité Christine Lagarde.A l'Elysée, le président Nicolas Sarkozy s'est également réjoui. Les chiffres annoncés ce matin
"traduisent l'impact des mesures prises en application"des engagements du président "par le gouvernement en faveur du travail,
de l'emploi et du pouvoir d'achat", indique un communiqué.
"Les
résultats de 2007 comme les estimations pour le premier trimestre 2008
sont conformes aux prévisions du gouvernement en dépit d'un contexte
international difficile", relève le chef de l'Etat.
"Le diagnostic posé sur la situation de notre pays et les remèdes à y apporter sont confortés", estime-t-il.
"Libération
du travail, modernisation de l'économie, investissement dans l'avenir,
intéressement des salariés aux performances de leurs entreprises,
assainissement des comptes sont au coeur de la stratégie économique.
Les résultats publiés aujourd'hui témoignent de la nécessité de
maintenir ce cap", a ajouté Nicolas Sarkozy.
Une croissance trimestrielle supérieure aux attentesL'hôte
de Bercy et l'Insee ont aussi annoncé que la croissance avait atteint
0,6% au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents. Un
rythme qui paraît bien modeste eu égard à la performance de
1,5% annoncée ce matin en Allemagne.
Mais qui s'avère supérieur au 0,4% attendu en moyenne par les
économistes. Sur le trimestre, les exportations ont progressé de 3,1%
après avoir reculé de 0,2% sur les trois derniers mois de 2007. Les
importations ont augmenté de 1,9%, ce qui signifie que le commerce
extérieur a ajouté 0,3 point de pourcentage au PIB sur la période, a
précisé l'Insee. A la fin mars 2008, l'acquis de croissance,
c'est-à-dire le niveau de croissance dont on est sûr qu'il sera atteint
sauf récession au cours des trimestres suivants, s'établit donc à 1,4%.
Pour Christine Lagarde, ces données trimestrielles confortent la
prévision de croissance du gouvernement français pour 2008, comprise
entre 1,7 et 2%.
"Jusqu'ici, la crise internationale n'a pas pesé sur la croissance française", a indiqué Mathilde Lemoine, chef économiste chez HSBC France, à l'agence Bloomberg. Mais cela ne devrait pas durer
. "Commerce et investissement des entreprises devraient ralentir en raison de de la demande mondiale moins dynamique",a assuré Mathilde Lemoine. De fait, tous les indicateurs de la
conjoncture française publiés ces derniers jours se sont dégradés en
mars, annonçant des temps plus difficiles. C'est vrai de l'inflation
record (3,2 % sur douze mois), de la consommation des ménages (-1,7 %),
du commerce extérieur (4,75 milliards d'euros de déficit), de la
remontée du chômage et de la production manufacturière (-1,5%).
Un déficit public préoccupantMoins réjouissant aussi :
à trois jours du coup d'envoi de la préparation du budget 2009,
le déficit public a été confirmé à 2,7% du PIB. Un chiffre qui flirte
avec un déficit excessif, fixé à 3% par la Commission européenne, et
qui devrait amener
Bruxelles à adresser une mise en garde à la France. L'exécutif européen anticipe un déficit de 2,9% en 2008 et de 3% en 2009.
"Ca me paraît outrageusement pessimiste", a réagi ce matin Christine Lagarde.
"On est en train de s'expliquer techniquement avec les services de Bruxelles pour savoir comment ils arrivent à ce résultat", a-t-elle dit, estimant que
"leur prévisionnel de déficit ne s'explique pas".En
revanche, la révision à la hausse de la croissance du PIB a permis
d'abaisser la dette publique à 63,9% l'an dernier, au lieu de 64,2%
annoncé précédemment.
Sujet: La croissance française a résisté au premier trimestre 
