Pour « la pire émission poussant au suicide », les nominés sont…
Les Gérard de la télévision, cérémonie aux antipodes des « 7 d’or », récompense ce soir la médiocrité télévisuelle.
Le Parpaing d’Or porté par Frédéric Royer et Arnaud Demanche Qui n’a jamais décerné des prix imaginaires aux émissions télévisées dont l’intérêt et la facture sont plus que discutables ? Que ceux qui se sont déjà retrouvés à hurler sur leur téléviseur suite à un programme qu’ils jugent scandaleux ou ridicule (ou scandaleusement ridicule) se rassurent,
les Gérard de la télévision vont rendre justice.
Il s’agit d’une cérémonie de remise de prix
« placée sous la tutelle (et l’autorité morale) du prénom symbole du patrimoine-télévision français (Gérard Louvin, Gérard Holtz, Gérard Miller, Gérard Saint-Paul…). » Mais pour le pire et non pour le meilleur. Après
les Gérard du cinéma, en février dernier, les responsables de ces
« anti-7 d’or » remettent en effet le couvert. Frédéric Royer, président du jury et journaliste à
Voici,
Technikart et
20 ans, ne cache pas sa source d’inspiration :
« On a tout simplement copié les Razzie Awards aux Etats-Unis, ça fait plusieurs années qu’à chaque fois que je regarde ces cérémonies, je me demande pourquoi personne ne fait ça en France. On a donc fini par le faire. » Et visiblement le concept s’adapte plutôt bien à la France. Arnaud Demanche, portraitiste au club de net de Karl Zero et président (lui aussi) du jury des Gérard le constate :
« la première cérémonie [les Gérard du cinéma NDLR]
était très confidentielle. Il y avait juste la bande de copains et deux ou trois touristes. Même s’il y a eu des retombées médiatiques, ça n’a rien à voir avec les Gérard de la télévision. Cette cérémonie-là explose vraiment. » Et le terme d’explosion n’est pas mal choisi puisque 300 personnes sont attendues pour la cérémonie de mercredi 29 au Réservoir, un bar parisien.
Au départ, c’était juste un amusement entre amis, de ces projets idiots qu’on élabore lors d’un dîner à la maison. Aujourd’hui, les fondateurs qualifient leur réalisation comme
« de l’amateurisme artisanal », tout en mettant un point d’honneur à assurer un minimum d’intérêt.
« Après tout, expliquent-ils,
on n’a pas invité tout ce monde pour leur faire voir un mec qui ouvre des enveloppes. » Si le concept est facilement généralisable, les trublions ne veulent pas s’emballer :
« On avait aussi penser aux Gérard à la musique, la veille des Victoires de la musique, ou à ceux des humoristes. Mais on ne veut pas lasser les gens avec ce genre d’événements. Il faut savoir se limiter de temps en temps. »Les nominés des
18 catégories, des plus classiques comme
« Plus mauvais téléfilm ou série français » aux plus partiales telle
« la pire prestation d’un membre de la famille Castaldi », vont être départagés par un jury forcément objectif.
« Les membres sont choisis par pur copinage parmi nos amis, précisent les maîtres de cérémonie.
Majoritairement des journalistes, d’autres dans la pub ou l’Internet. On y trouve même des chômeurs, pour la dimension sociale. » Les différents prix balayant une bonne partie du PAF, on retrouve logiquement des programmes « phares » du petit écran dont la « qualité » intrinsèque justifie une nomination. Voire plusieurs. Pour cette première édition, le service public effectue une moisson exemplaire avec une moyenne de deux programmes par catégories. France 2, par exemple, compose presque à elle seule les catégories
« plus mauvaise émission dite humoristique » (
Samantha,
Bande Dehouf et
Un monde presque parfait) et
« plus mauvaise nouvelle émission de la rentrée » (
L’arène de France,
Toute une histoire,
On est pas couché). Sans oublier une présence remarquée dans
« plus mauvaise émission poussant au meurtre » avec
Chanter la vie,
Samantha et
La télé de Sébastien. On attend aussi avec impatience de voir qui va être désigné comme pire animateur ou chroniqueur tête à claque et/ou aux capacités intellectuelles contrariées...
On s’en doute, les heureux gagnants ne seront pas présents à la remise de leur parpaing d’or (qui sera d’ailleurs une brique dorée cette fois, parce qu’un parpaing, ça pèse). Certains auront sans doute du mal à digérer ce genre de gratification. C’est d’ailleurs avec le sourire que Frédéric Royer et Arnaud Demanche évoquent la réaction caricaturale de Michael Youn pour ses trois Parpaings récoltés aux
Gérard du Cinéma. Après la cérémonie, il a en effet publié sur
son blog une diatribe incendiaire contre la critique, cette artiste ratée.
« Cette fois-ci, rigolent-ils,
peut-être que les Castaldi vont nous casser la gueule... »Source: Ecran.fr, un site de "Liberation"